

- « Le solaire réclame de la stabilité, pas des subventions »
Par Edouard Roblot, le 24 Juillet 2025
La France s’est engagée dans un plan de transition énergétique audacieux afin de tourner la page des énergies fossiles, principales responsables du changement climatique. Outre la sobriété et l’efficacité énergétiques, cette démarche s’appuie sur un atout incontournable : notre électricité faiblement carbonée, ainsi que sur un instrument désormais éprouvé, la programmation.
Pourtant, aujourd’hui, une filière emblématique de ce tournant – l’énergie solaire – pâtit d’une législation fluctuante. Le solaire constitue un pilier décisif pour notre indépendance énergétique et notre compétitivité. Il est viable financièrement sans soutien public, rapide à installer, fortement générateur d’emplois. On voit ainsi éclore partout en France des projets d’usines pour fabriquer les panneaux solaires indispensables à la réussite de cette transformation. Mais, malgré ces perspectives favorables, la filière se trouve freinée par une instabilité des règles qui sème la confusion, ralentit les initiatives et fragilise l’ensemble du secteur en pleine expansion.
L’épisode récent de la proposition de loi Grémillet – qui a instauré un moratoire sur les renouvelables à l’Assemblée avant d’être écartée par la suite – a montré à quel point le débat politique restait tendu sur le sujet. Pire encore, il devient le relai de fausses affirmations qu’il est urgent de corriger.
Des idées reçues à dissiper
Erreur n°1 : « La France pourrait s’affranchir des énergies renouvelables. » Cela est inexact. Le nucléaire a joué et continuera à jouer un rôle fondamental dans notre bouquet énergétique. Mais notre parc existant vieillit et ne pourra bientôt plus répondre à la totalité de notre demande en électricité. Il faut au moins quinze ans pour bâtir une nouvelle centrale nucléaire, alors qu’une centrale photovoltaïque installée sur un parking peut être opérationnelle en seulement 18 mois. Les parkings français concentrent à eux seuls un potentiel solaire de 15 à 20 GW - l’équivalent de plusieurs unités nucléaires. Une solution socialement bien acceptée : elle valorise des surfaces déjà urbanisées, met en valeur notre foncier, protège les véhicules et leurs usagers, améliore le cadre urbain, permet l’installation de bornes de recharge pour voitures électriques. Ne pas investir dans ce réservoir d’action rapide serait une erreur historique pour notre pays et une perte majeure pour ses habitants.
Erreur n°2 : « Le photovoltaïque grève le budget de l’État. » C’est également faux. Autrefois, le coût du solaire pour les finances publiques était élevé. Aujourd’hui, l’installation de panneaux solaires sur les parkings fournit une électricité à tarif fixe sur 30 ans, autour de 110 euros par mégawattheure – bien en deçà des 140 euros/MWh que paient actuellement les entreprises sur un marché considéré comme bas. Cette énergie est produite localement, silencieusement, sans polluer ni recourir à l’importation de combustibles. Par l’intermédiaire d’acteurs spécialisés comme Idex, la totalité des investissements est portée par des capitaux privés : les utilisateurs ne versent rien et bénéficient tout de suite d’une énergie less carbonée et souvent d’un revenu locatif, sans dépenser le moindre euro d’argent public.
Dans ce contexte, comment justifier une remise en cause fréquente des normes ? La loi promulguée en mars 2023 n’a vu ses décrets publiés qu’à la fin 2024, ne laissant que quelques mois de visibilité avant de replonger la filière dans l’incertitude. Or, développer un nouveau système énergétique est un processus de long terme. Il nécessite lisibilité, régularité et engagement politique. Sans cela, le rythme de la transition sera immanquablement ralenti, au détriment de tous : entreprises, citoyens, collectivités.
Depuis plusieurs années, le photovoltaïque connaît une croissance remarquable. Il attire des capitaux privés en masse, structure tout un tissu de production tricolore, crée des emplois locaux durables. Il génère une énergie propre, de proximité et compétitive. À terme, l’évidence économique dissipera elles contradictions politiques. Mais à court terme, les hésitations actuelles ont des impacts concrets. Ce qui n’est vu par certains que comme des ajustements législatifs fragilise en réalité le quotidien de milliers de professionnels – salariés, ingénieurs, chefs de projet, techniciens – qui s’investissent chaque jour dans la concrétisation de la transition énergétique.
Notre demande est claire : éclaircissons l’orientation du gouvernement, harmonisons les dispositifs, fixons une trajectoire claire et stable. Surtout, faisons confiance à ceux qui démontrent chaque jour qu’ils savent fournir une énergie compétitive, accessible et renouvelable, sans recourir ni à la subvention ni au dogme. Le solaire n’attend pas de soutien financier : il requiert avant tout un environnement stable.
Tribune écrite par Edouard Roblot, directeur Energies Solaires à Idex
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