

- Rénovation énergétique : l'État se retire, qui prend le relais ?
Par Hervé Dregreve, le 24 Juillet 2025
La messe est dite : la rénovation énergétique performante ne sera plus portée par l’État. Lors d’une réunion avec les acteurs du secteur, la ministre du Logement Valérie Létard a officialisé un tournant majeur. Le volet « rénovation d’ampleur » de MaPrimeRénov’, suspendu depuis juin, ne rouvrira que le 30 septembre, avec un plafond drastique : 13 000 dossiers seulement seront acceptés d’ici fin décembre, pour toute la France. Et la même logique restrictive devrait se poursuivre en 2026.
Ce recentrage sur les passoires thermiques détenues par des ménages très modestes, soit moins de 5 % du parc de maisons individuelles, acte un désengagement assumé de l’État. À l’inverse, les gestes isolés (changement de chaudière, isolation d’un mur ou d’un plancher) continueront d’être soutenus, principalement pour soutenir la filière artisanale, malgré leur efficacité limitée.
Derrière la technicité apparente de ces annonces se cache une réalité simple : des centaines de milliers de ménages prêts à rénover vont se retrouver sans aide, confrontés à un reste à charge souvent dissuasif. Certains devront renoncer à isoler un logement glacial, à remplacer un chauffage vétuste ou à réduire des factures devenues intenables. L’effort national promis pour rénover les logements en profondeur se transforme en course d’obstacles pour les particuliers.
Pour autant, faut-il s’en remettre indéfiniment aux finances publiques ? Alors que l’État serre la vis, c’est désormais aux acteurs privés de se saisir du sujet. Car sans mécanismes alternatifs pour accompagner les ménages, le plan de bataille climatique restera lettre morte.
D’abord, il est urgent de réactiver des outils existants. L’éco-PTZ, par exemple, souffre de conditions d’accès trop restrictives et de plafonds devenus obsolètes. Peu utilisé, il pourrait devenir un levier puissant… si les banques acceptaient d’en assouplir l’usage. Qui prendra enfin le leadership sur ce sujet ?
Ensuite, il faut ouvrir le champ à l’innovation financière. Faire crédit à un ménage au bord du découvert pour des travaux à 40 000 euros n’a jamais été une stratégie gagnante. Il existe pourtant des modèles économiques capables d’aligner intérêt collectif, logique patrimoniale et rentabilité. Encore faut-il qu’ils soient écoutés, accompagnés et intégrés aux politiques publiques.
Enfin, la rénovation ne sera jamais rentable si l’on continue d’ignorer la valeur créée. Parler de retour sur investissement en un siècle, comme on l’a encore lu récemment, c’est oublier que les travaux améliorent non seulement la qualité de vie, mais aussi la valeur marchande des biens. La fameuse « valeur verte » des logements existe bel et bien : elle est mesurable, bancaire et devrait devenir un référentiel standard.
L’État désengage une partie de ses troupes. C’est désormais au monde économique, banques, investisseurs particuliers, entreprises, de prendre le relais. Pas pour pallier un retrait, mais pour accélérer une transition devenue incontournable. Rénovation performante ne doit plus rimer avec dépendance publique, mais avec responsabilité partagée.
Auteur : Hervé Degreve, co-fondateur de Vasco, la start-up qui finance 100% des travaux de rénovation, en échange d’une part du logement.
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