Europe - Le stétho et le trépied : l'incroyable double vie du Dr Speed

Le jour, il soigne les corps. La nuit, il soigne l’âme.

À Montpellier, un médecin généraliste sort du cadre : sous le pseudonyme de Dr Speed, il devient compositeur photographique, explorateur urbain de l’imaginaire. Un double quotidien mené tambour battant, sans jamais négliger l’un pour l’autre : « En vrai, je suis médecin généraliste dans la vraie vie, et après, mon activité secondaire reste la photographie artistique », confie-t-il avec un sourire dans la voix.

Photographe autodidacte depuis une dizaine d’années, c’est pendant le confinement que l’homme de science s’est affirmé comme homme d’images. « Ça m’a aidé à développer un sens plus artistique. La photographie n’est pas toujours considérée comme un art à part entière. Moi, je cherche à pousser la recherche plus loin », explique-t-il.

Son art mêle la rigueur technique à une poésie numérique savamment orchestrée. Il se définit lui-même comme « compositeur photographique, comme un compositeur de musique : je prends des images à droite à gauche, je les assemble pour créer une image qui n’existe pas en vrai. »

Graphiste par nécessité, il dompte les logiciels comme d’autres un stéthoscope : « Le résultat final passe par des logiciels de retouche numérique. Mais j’ai commencé avant l’IA. L’intelligence artificielle me sert d’outil, comme un autre. » Une vision humaniste de la technologie, bien dans son époque.

À travers ses clichés, Dr Speed explore les longues expositions, les mouvements urbains, les perspectives éclatées. Il « découpe et déplace le mobilier urbain », « incruste des éléments issus de son imaginaire » pour donner naissance à des visions suspendues, presque surnaturelles. Un univers « entre le rêve et la réalité », dit-il. Un trait d’union entre ses racines de médecin et son avenir d’artiste.