Europe - L'Europe en quête d'autonomie stratégique

 - L'Europe en quête d'autonomie stratégique

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Par Aline Besselièvre, le 25 Juillet 2023

L'Europe en quête d'autonomie stratégique : définir son écosystème technologique pour braver les rivalités sino-américaines et façonner son rôle géopolitique

Le sommet de l'OTAN à Vilnius a scellé l'alliance avec les nouveaux partenaires de l'Indo-Pacifique. L'accord conclu avec l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud, appelé "OTAN IP4", pose les bases d'une stratégie commune pour relever les défis de la "sécurité mondiale" dans un monde de plus en plus polarisé et conflictuel.

La dernière étude rédigée par Klecha & Co. en collaboration avec Rosa & Roubini est intitulée "Guerre froide II". C'est un titre qui décrit bien le contexte économique et géopolitique actuel, où la compétition entre les États-Unis et la Chine s'est transformée en une véritable guerre sur différents fronts, allant du contrôle des chaînes d'approvisionnement au commerce mondial. Mais il existe une dimension de cette guerre moins visible que les autres, bien qu'elle soit de loin la plus importante : la guerre technologique. Du point de vue quantitatif, « la valeur totale des échanges quotidiens qui dépendent d'un environnement technologique mondial normalisé, non conflictuel et relativement sûr est près de neuf fois supérieure à la valeur annuelle des échanges commerciaux bilatéraux entre les États-Unis et la Chine, soit près de neuf billions de dollars américains. Si l'on suppose que l'échange bilatéral de biens et de services entre les États-Unis et la Chine s'élève à environ un billion de dollars par an, l'échange technologique entre les deux pays est 3 000 fois plus important, sur une base annuelle » (p.7 de l’étude).

La guerre technologique entre les États-Unis et la Chine, qui a commencé avec l'ambition de la Chine, consacrée par l'Agenda 2025, de devenir le pays dominant dans les secteurs les plus avancés sur le plan technologique, s'est progressivement étendue à différents domaines, des mégadonnées à la cybersécurité, de l'IA à la réglementation technologique, jusqu'aux monnaies numériques des banques centrales. Selon de nombreux observateurs, la Chine soutiendrait, bien que non officiellement, l'invasion russe de l'Ukraine pour tester la réponse de l'Occident à une éventuelle invasion de Taiwan, où des attaques informatiques sont déjà en cours, mais aussi pour distraire les États-Unis de l'Indo-Pacifique, sur lequel l'OTAN se penche avec une attention croissante, comme le confirment les accords de Vilnius. En regardant le binôme Russie-Chine, il est important de noter que le développement le plus important dans le domaine de la cyber-guerre a été l'utilisation extensive d'attaques informatiques dans le conflit en Ukraine. La Russie est le pays qui domine ce segment de la guerre technologique, non pas parce qu'elle possède une technologie plus avancée, mais parce qu'elle l'utilise sans les limitations auto-imposées des démocraties libérales. La nomination de Valery Gerasimov, fervent partisan de la guerre hybride (conventionnelle combinée à une guerre informatique), en tant que chef d'état-major de l'armée russe a été particulièrement significative.

Dans ce contexte, quel rôle pour l'Europe ?

Stéphane Klecha, associé gérant de Klecha & Co. déclare : « Je suis convaincu que l'Europe devra continuer à travailler pour définir son propre écosystème technologique, en réaffirmant et en défendant les piliers fondamentaux de sa souveraineté. Nous avons le marché le plus riche au monde et la Commission européenne pourra tirer parti de cette force pour soutenir l'émergence de "EU Big Tech" tout en définissant des réglementations ayant le potentiel de devenir des normes mondiales. Mais si l'Europe veut établir une véritable "autonomie stratégique", elle devra achever le processus d'intégration sur différents fronts et réaliser des investissements supplémentaires, en particulier dans le secteur des semi-conducteurs et de la défense. À cet égard, la Commission européenne envisage d'exempter fiscalement les programmes d'armement européens, tandis que les principaux pays ont déjà pris des mesures : au cours des six prochaines années, la France dépensera 413 milliards d'euros pour sa défense et l'Allemagne a annoncé 100 milliards d'euros d'investissements pour moderniser les équipements de son armée. En outre, un nouveau record a été établi en Europe en matière d'investissements dans la cybersécurité, qui sont passés de 32 millions de dollars à 2 436 millions de dollars en 2023 au cours de la dernière décennie (p.17). »

« En France, comme dans le reste de l'Europe, nous avons besoin d'entreprises technologiques, en particulier dans la cybersécurité, et nous devons soutenir leur croissance et favoriser leur alliance avec les partenaires européens. Si la politique peut agir avec des incitations et des contrôles pour empêcher la cession de savoir-faire stratégique en dehors de l'Europe, la finance et les entreprises peuvent et doivent également jouer leur rôle, en regardant au-delà du profit immédiat et en soutenant une trajectoire vertueuse de croissance du système technologique européen, qui sera de plus en plus un rempart indispensable pour défendre notre souveraineté ».

https://www.klecha-co.com/last-research/cold-war-ii/

 

 

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