Europe - L'UNESCO appelle à réguler la façon dont les nouvelles technologies sont utilisées dans l'éducation

 - L'UNESCO appelle à réguler la façon dont les nouvelles technologies sont utilisées dans l'éducation

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Par UNESCO, le 19 Juillet 2023

L’UNESCO appelle à réguler la façon dont les nouvelles technologies sont utilisées dans l’éducation

Paris, 26 juillet 2023 – Un rapport mondial de l’UNESCO sur les nouvelles  technologies dans l'éducation souligne le manque de gouvernance et de réglementation adaptées. Les pays sont appelés à définir au plus vite les conditions de déploiement et d’utilisation de ces technologies pour s’assurer qu’elles ne remplacent jamais l'enseignement en personne, dispensé par un enseignant, et qu’elles contribuent bien à la réalisation de l’objectif mondial d’une éducation de qualité pour tous.

« La révolution numérique a un immense potentiel mais, tout comme des mises en garde ont été formulées quant à la manière dont elle devrait être encadrée dans la société, une attention similaire doit être accordée à la manière dont elle est utilisée dans l'éducation. », prévient Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO. « La technologie doit améliorer le processus d'apprentissage et servir le bien-être des élèves et des enseignants, plutôt qu’être utilisée à leur détriment. Il faut placer les besoins de l'apprenant au premier plan et soutenir le travail des enseignants. Les interactions en ligne ne peuvent en aucun cas remplacer les interactions humaines », détaille-t-elle.

Intitulé « La technologie dans l’éducation : qui est aux commandes ? », le Rapport mondial 2023 sur le suivi sur l'éducation est lancé aujourd'hui lors d'un événement organisé à Montevideo (Uruguay) par l'UNESCO, le ministère de l'Éducation et de la Culture d’Uruguay et la Fondation Ceibal, en présence de 18 ministres de l'Éducation issus du monde entier. Il propose quatre questions que les décideurs politiques et les acteurs de l'éducation doivent se poser lors du déploiement des nouvelles technologies dans l'éducation :

L’usage de la technologie est-il pertinent ?

L’utilisation de la technologie peut améliorer certains types d'apprentissage dans certains contextes. Mais le rapport démontre, preuves à l’appui, que les bienfaits de l'apprentissage disparaissent si la technologie est utilisée de manière excessive ou en l'absence d'un enseignant qualifié. À titre d’exemple, la distribution d'ordinateurs aux élèves n'améliore pas l'apprentissage, si les enseignants ne sont pas associés dans le cadre d’une démarche pédagogique. Il s’avère par ailleurs que, si à l’école les smartphones sont une source de distraction pour les élèves, moins d'un quart des pays interdisent leur utilisation dans les établissements scolaires.

« Nous devons tirer les leçons de nos erreurs passées en matière d'utilisation des technologies dans l'éducation afin de ne pas les répéter à l’avenir », souligne Manos Antoninis, directeur du rapport. « Nous devons apprendre aux enfants à vivre à la fois avec et sans technologie, à sélectionner ce dont ils ont besoin dans l'abondance d'informations, mais à ignorer ce qui n'est pas nécessaire, à laisser la technologie soutenir, mais jamais supplanter les interactions humaines dans l'enseignement et l'apprentissage ».

Lorsque l'enseignement se fait exclusivement à distance, et alors que le contenu disponible en ligne n'est parfois pas adapté au contexte, les inégalités d'apprentissage entre les élèves se creusent. Une étude sur les ressources éducatives en accès libre a révélé que près de 90 % des référentiels en ligne de l'enseignement supérieur ont été créés en Europe ou en Amérique du Nord et que 92 % du matériel de la bibliothèque mondiale de l’Open Educational Resources Commons est rédigé en anglais.

 La technologie est-elle équitable ?

Pendant la pandémie de COVID-19, le passage rapide à l'apprentissage en ligne a exclu au moins un demi-milliard d’élèves dans le monde, principalement les plus pauvres et les habitants des zones rurales. Le rapport souligne que le droit à l'éducation est de plus en plus synonyme de droit à une connexion Internet performante, alors qu'une école primaire sur quatre n'a pas d'électricité. Il appelle tous les pays à fixer des critères de référence pour connecter toutes les écoles  d'ici à 2030 et continuer à se concentrer sur les élèves les plus marginalisés.

La technologie est-elle efficace ?

A ce jour, les preuves solides, rigoureuses et impartiales de la valeur ajoutée de la technologie dans l'apprentissage font défaut. La plupart des évaluations qui ont été conduites proviennent des États-Unis, où le What Works Clearinghouse a souligné que moins de 2 % des cas de recours à la technologie qui ont été évalués présentaient des « preuves solides ou modérément solides d’efficacité ». Et lorsque les preuves proviennent des entreprises technologiques elles-mêmes, un risque de biais existe.

Par ailleurs, le marché des technologies de l'éducation se développe alors même que les besoins éducatifs de base ne sont pas satisfaits - et les pays ne tiennent pas suffisamment compte des coûts à long terme des dépenses technologiques. Le passage à l'apprentissage numérique de base dans les pays à faible revenu, et du raccordement de toutes les écoles à l'internet dans les pays à revenu moyen inférieur, augmenterait de 50 % leur déficit de financement actuel pour atteindre les résultats nationaux de l'ODD 4. Le passage à une éducation entièrement digitale, à l’échelle mondiale, avec une connexion internet dans les écoles et les foyers, coûterait plus d'un milliard par jour pour son seul fonctionnement.

La technologie est-elle durable ?

L'évolution rapide des technologies met à rude épreuve les systèmes éducatifs qui doivent perpétuellement s’adapter. La culture numérique et la pensée critique sont des compétences de plus en plus importantes à acquérir par les élèves, en particulier avec l’essor de l'IA générative. Des données annexées au rapport de l’UNESCO montrent que ce processus d’adaptation s’est amorcé : 54 % des pays observés ont défini les compétences numériques qu'ils souhaitent développer à l'avenir. Mais seuls 11 des 51 gouvernements évalués ont mis en place des programmes d'études sur l'IA.

Outre ces compétences, l'alphabétisation de base ne doit pas être négligée, car elle est également essentielle pour l’usage du numérique : les élèves dotés des meilleures aptitudes en lecture sont par exemple beaucoup moins susceptibles d'être abusés par des courriels d'hameçonnage.

Par ailleurs, les enseignants ont besoin de recevoir une formation adéquate. Seule la moitié des pays dispose actuellement de normes pour développer leurs compétences dans le domaine des TIC. Peu de programmes de formation des enseignants abordent la cybersécurité, alors que 5 % des attaques par rançongiciels visent l'éducation.

La durabilité exige également de garantir les droits des utilisateurs de la technologie. Aujourd'hui, seuls 16 % des pays protègent juridiquement la confidentialité des données dans le domaine de l'éducation. L’analyse de 163 dispositifs technologiques éducatifs a révélé que 89% d’entre eux pouvaient accéder aux données des enfants. En outre, 39 des 42 gouvernements fournissant un enseignement en ligne pendant la pandémie ont favorisé des utilisations qui « menaçaient ou enfreignaient » les droits des enfants.

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