Europe - Portraits d'Ukraine : Alessia, bénévole auprès des réfugiés à Dnipro, 32 ans

 - Portraits d'Ukraine : Alessia, bénévole auprès des réfugiés à Dnipro, 32 ans

- Portraits d'Ukraine : Alessia, bénévole auprès des réfugiés à Dnipro, 32 ans

Par Romain Huët, Maitre de conférences en sciences de la communication, Chercheur au PREFICS , le 24 Août 2022

Portraits d’Ukraine : Alessia, bénévole auprès des réfugiés à Dnipro, 32 ans

Alessia à Dnipro, juillet 2022. R. Huët, Fourni par l'auteur

Romain Huët, Université Rennes 2

Au cours de mon étude ethnographique sur les volontaires ukrainiens (avril, mai et juillet 2022), j’ai participé à plusieurs évacuations de civils à Severodonetsk et dans ses environs, dans le Donbass).

Lorsque ces territoires sont menacés d’une occupation imminente par l’armée russe, les volontaires se rendent dans les villages avec des minibus et récupèrent les habitants prêts à fuir. Ces voyages sont chaotiques et extrêmement dangereux. Souvent, ils se déroulent dans des zones grises, entre l’armée ukrainienne et les forces russes. C’est au cours de l’une de ces opérations de secours que le journaliste français Frédéric Leclerc-Imhoff a été tué le 30 mai 2022. Des volontaires ukrainiens ont également péri, sans que l’on puisse connaître leur nombre exact.

Au cours du mois de mai 2022, j’effectue le trajet avec les exilés, depuis leur village à quelques kilomètres de Severodonetsk jusqu’à leur prise en charge dans la ville de Dnipro, située à 250 kilomètres de là. Ces trajets sont éprouvants. Je suis frappé par le silence qui règne dans ces minibus bondés. Ce n’est pas le silence de la peur, mais plutôt celui de l’abattement.

La violence cerne de toutes parts l’exilé. Il est tenté de se rendre, d’abdiquer face aux forces qui haïssent et détruisent. La douleur est intérieure. Les exilés la gardent pour eux. Dans ce minibus, ils vivent la fin du monde, de leur monde. Ils ne fuient pas la guerre, ils l’emmènent avec eux sous la forme d’images, de sons qui les hanteront durablement.

Dans ce car bondé, nous subissons un moment historique. Brutalité première d’une existence contrainte à se transformer sous l’effet de la violence des hommes. Au bout de la nuit, je rencontre Alessia, une volontaire de 32 ans qui participe à l’accueil des réfugiés dans la ville de Dnipro. Je l’ai revue lors de mon deuxième séjour sur place, en juillet.

Existence banale et insouciante

Avant la guerre, Alessia mène une vie banale entre son travail d’architecte, ses vacations dans une école d’architecture et ses amis. Elle est heureuse de son existence. Elle fait peu, mais rien à moitié. Elle confie tout le plaisir qu’elle retire de son travail d’enseignante. Pendant le Covid, elle se démène pour garder le lien avec les étudiants, les soutenir dans l’enfer des études à distance.

Alessia et ses étudiants, avant la guerre.

Son travail d’architecte l’enthousiasme. Elle fait son métier avec des idées et des convictions qui varient au gré de ses lectures, ses rencontres et ses expériences. Elle déplore la disparition des villages traditionnels ukrainiens avec l’apparition de l’Union soviétique. Elle a à cœur de les reconstruire, de puiser dans l’histoire culturelle ukrainienne pour faire de l’habitat autre chose qu’un espace fonctionnel : « Pour moi, l’urgence est de retrouver des espaces humains, plus fleuris, plus proches de nos codes et de nos traditions. »

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Alessia a aussi le goût du voyage. Début février 2022, elle commence à préparer son futur road trip, prévu au printemps en Turquie. Elle passe ses soirées à tracer son itinéraire, à choisir les villes qu’elle visitera, les endroits où elle souhaite rester un peu pour s’imprégner de l’ambiance locale. Elle a aussi une passion solitaire : la photographie. Son appareil est toujours dans son sac. À chacune de nos rencontres, elle me tire le portrait. Qu’importe que je sois gêné, elle aime capter ces instants, trouver la singularité des expressions dans chaque visage.

Alessia ne s’est jamais intéressée à la chose politique. Elle préfère se tenir à l’écart des rapports conflictuels, de ces misères et ces mensonges propres à la politique qui, si elle y était confrontée directement, affecteraient le rapport innocent, presque naïf, qu’elle a au monde. Elle s’est trouvé une place dans son univers et en retire beaucoup de joie. Avec ses quelques amis, l’humeur est semblable. Les relations sont aussi légères que solides, insouciantes aux turbulences qui agitent l’Ukraine et le reste de la planète.

24 février 2022 : rattrapée par le fracas du monde

Aux premiers abords, son visage dégage timidité, humilité et réserve. Mais dès qu’elle se met à parler des sujets qui lui tiennent à cœur, elle dégage une assurance insoupçonnée qui oblige son interlocuteur à se tenir en silence et à écouter. Elle parle lentement mais précisément.

Face à moi, elle ferme les yeux pour se remémorer ses réactions au début de la guerre. Après quelques secondes, son visage s’illumine et elle me raconte simplement et sincèrement cette sinistre chronologie.

Le 24 février 2022, au petit matin, son téléphone sonne. Elle décroche et entend la voix forte et rapide de son frère qui réside à Kharkiv, à quelques kilomètres de la frontière russe, alors que Dnipro se trouve quelque 200 km plus au sud. Il va à l’essentiel : « La guerre a commencé. La ville est bombardée, je vais chercher deux amis et on arrive à Dnipro. » La conversation est brève et urgente. Elle se limite à ces seuls mots nécessaires.

Stupéfaite, elle sent sa tête tourner, le sol se soulever. Elle s’allonge pour ne pas tomber. Elle demeure comme ça quelques minutes, allongée sur le dos, les yeux ébahis devant son téléphone où défilent les nouvelles de l’invasion russe.

Assaillie par un flot de pensées confuses qui brouillent sa conscience et produisent un sentiment d’irréalité, elle imagine les bruits de la guerre, la terre qui se déchire, les milliers de voitures qui fuient le feu, la rivière du Dniepr charriant le sang. À cet instant, elle souffre plus qu’elle ne pense.

Sa famille est dispersée en Russie et en Biélorussie. Comme Alisa, elle vit la douleur de la séparation entre les populations. Sa famille en Russie semble convaincue par les arguments de Vladimir Poutine :

« Les premiers jours, je hurlais au téléphone. Je hurlais que je n’étais pas nazie, que le peuple ukrainien ne constituait aucune menace pour la Russie. »

Elle interrompt son récit, aspire l’air profondément pour éviter que sa gorge se noue. Je comprends que ses protestations tournent à vide. Elle ne convainc personne. Peu à peu, les appels et les messages se font plus rares, le sujet de la guerre soigneusement évité. Une faille béante commence tragiquement à les séparer. L’écart qui se creuse entre sa famille n’est ni un manque d’affection ni un défaut d’amour. Il est imposé par les forces politiques.

Que faire devant un monde qui s’affole ?

La guerre produit chez certains un sens de l’accommodement aux situations les plus inextricables. Pour d’autres, elle ouvre quelques chances de réussite matérielle ou sociale. Alessia n’a aucune expérience de résistance. Elle n’a jamais vécu le vertige du refus et du soulèvement. Elle a la sensation d’être assommée par des questions qu’elle ne s’était jusqu’à présent jamais posées : Que faut-il faire ? Que peut-on faire face au monstre de la guerre quand on se pense incapable de tout ? Elle n’a ni compétences militaires, ni médicales. La photo, l’architecture et l’enseignement ne paraissent d’aucun secours dans ces moments : « Où aller lorsqu’on a seulement envie de faire quelque chose ? ».

Alors, avec son amie du même âge, Iona, elles se présentent à l’hôpital, espérant être recrutées comme volontaires. Elles sont amenées à faire quelques pansements, mais comprennent rapidement qu'elles y seront moins utiles qu'ailleurs, du fait de leurs faibles compétences en médecine. Alessia se retrouve seule, avec son envie, sa peur et quelques amies. Elle agit de façon désordonnée au gré des mouvements de son cœur. Elle dépense toutes ses économies en matériel militaire et médical qu’elle envoie à la Défense territoriale. Curieusement, dans ces instants désordonnés, elle se sent presque normale et forte.

« La première fois que j’ai craqué, c’est quand on a organisé une visioconférence avec les étudiants. Je leur ai demandé d’allumer leur caméra. J’étais si touchée de voir leurs visages. Certains d’entre eux habitent à l’Est, là où il y a le plus de bombardements. Et puis, il y avait un de nos étudiants qui ne s’était pas connecté. J’ai appelé sa maman de Kharkiv pour avoir de ses nouvelles. Personne n’en avait. C’était un moment terrifiant. »

Ses yeux se brouillent, les larmes se précipitent sur ses joues. Ce sont ses premières larmes. Elle pleure à nouveau, le jour de son anniversaire, le 18 mars. Ses amis insistent pour le fêter. Elle reçoit pour cadeau un kit de survie composé de nourriture en conserve, de café, de chocolat, de porridge, et une petite bouteille de champagne : « C’est un jour que je n’oublierai jamais. »

Volontaire pour l’accueil des réfugiés

Quelques jours après le début de la guerre, la ville de Dnipro change de physionomie. Des milliers de réfugiés affluent en provenance de Marioupol, du Donbass ou de Kharkiv. La mobilisation de la population se fait massive pour les accueillir.

Avec son amie, Alessia suit le mouvement et décide de prendre en charge un lieu, une garderie située non loin du centre de la ville. Il y a tout à faire : aménager l’espace pour accueillir des familles, trouver des lits, des denrées alimentaires, et organiser le lieu, de sorte qu’il soit vivable. Jour et nuit, à quelques-uns, ils se démènent pour finalement ouvrir ce centre. Il accueillera rapidement une centaine de personnes. Alessia s’occupe particulièrement d’organiser la logistique et l’équipe de bénévoles pour s’assurer d’une présence continue sur place. Elle ne compte pas les heures et dort peu.

Les réfugiés arrivent affolés par leur départ précipité de leurs maisons. Ils sont anxieux, nerveux, parfois paniqués. Beaucoup n’ont aucun plan pour l’avenir. Ils sont en attente, dans l’espoir de retourner dans leur ville d’origine. Elle écoute leurs histoires dont certaines sont effroyables. Elle les conserve toutes en tête : « On essaie d’enregistrer ces récits, il faut les raconter. » Elle se donne cette tâche essentielle de constituer les premières mémoires de la guerre, même si l’attention publique pour ces histoires d’atrocités faiblit. Par la voix de ces familles, elle apprend ce qu’est réellement la guerre. Depuis ce jour, il lui semble qu’elle a perdu son innocence, qu’il n’est plus possible de vivre sans conséquences.

Soubresauts de la vie intérieure

Il est assez commun de constater que la guerre tue les questions et débarrasse du souci de soi. Ce n’est pas tout à fait le cas pour Alessia. Elle n’a pas perdu le contact avec elle-même. Depuis le début de la guerre, elle est assaillie par une foule d’impressions nouvelles qui produisent de nombreux soubresauts de sa vie intérieure. C’est d’abord le choc moral d’être témoin des ravages de la guerre, de populations affolées et déplacées, de récits bouleversants des familles endeuillées.

C’est ensuite la peur d’être choisie par le destin au cours de ces bombardements aléatoires, l’incapacité d’oublier la guerre à cause de ces alertes quotidiennes. Elle produit d’incroyables efforts pour s’empêcher de ruminer des pensées sombres. Lourdement, je l’interroge sur ses sentiments contradictoires, sur ce qui, dans ce contexte étouffant et anxiogène de la guerre, la transforme. Elle sait que son être n’est plus le même, qu’elle est durablement changée, que la guerre l’oblige à se défaire d’elle-même.

Mais il lui est difficile de nommer précisément ces transformations : s’est-elle endurcie devant le réel ? A-t-elle perdu l’innocence qui l’aidait à se glisser avec aisance dans le monde ? Qu’est-ce que la conscience soudaine de la brutalité du monde lui a volé ? Il n’est en tout cas rien moins que facile d’expliquer ce qui l’agite intérieurement, des transformations singulières et encore mystérieuses, insaisissables dans le présent de la guerre. Des parties en elle ont été tuées.

Son insouciance passée vole en éclats. Alors qu’elle demeurait à la surface de la vie, tournant volontairement le dos aux abîmes obscurs, elle est rattrapée par la violence du monde et ses conséquences sur les vies humaines. Dans un carnet, elle écrit ses pensées, qu’elle me transmet :

« C’est difficile de se réveiller le matin dans le noir, difficile d’écouter ces sirènes pendant des heures, difficile d’entendre ces explosions, difficile d’écouter les douleurs et le désespoir des autres, difficile de penser à la mort, difficile de penser au futur, difficile de composer avec toutes ces émotions, difficile d’accepter le silence des autres, difficile de penser que demain pourrait ne pas avoir lieu, difficile d’être. Difficile… »

Apprendre à mettre à distance le réel

Au centre, les bénévoles s’appuient sur quelques psychologues pour aider les réfugiés à affronter la situation, et aussi pour les aider eux-mêmes à surmonter l’abattement et l’effroi qui les saisissent en écoutant les histoires terribles narrées par ces réfugiés. Ils apprennent à mettre à distance le réel, à ne pas se laisser submerger.

Alessia m’explique qu’elle éprouve de grandes difficultés à échanger avec certains exilés qui manifestent de la colère, voire une certaine violence. Les plus nerveux sont les plus taiseux. Ils ne racontent pas leurs histoires par honte, ou parce qu’ils pensent qu’elles n’ont rien de remarquable car elles sont partagées par des milliers d’Ukrainiens. Alors, dans le centre, ils restent seuls, manifestent parfois une certaine hostilité envers les autres.

Il paraît à Alessia que ces hommes ne savent pas traiter leur passé récent, sinon avec un certain mépris destructeur. Elle éprouve une profonde gêne devant ses situations. Elle s’éloigne et préfère s’occuper des enfants :

« Avec eux, je passe énormément de temps. Ils ne se détruisent pas. Ils éprouvent dans leur corps toutes ces horreurs avec une spontanéité stupéfiante. Ils deviennent facilement des amis. Je dessine et je joue avec eux. »

Depuis, elle a réalisé quelques cartes postales à partir des dessins des enfants en vue de les vendre pour augmenter les ressources propres du centre d’accueil des réfugiés.

Pour les cartes postales, les volontaires choisissent des dessins plus joyeux et symbolisant l’espoir d’une victoire ukrainienne et du retour de la paix.

L’économie ordinaire de la guerre et le retour au travail

Alors que le monde se dissout dans la désolation et le sang, elle est rappelée par les nécessités économiques. À tort, la question financière a été peu évoquée dans les précédentes chroniques. Cette considération matérielle, apparemment anodine, est pourtant de toute importance pour Alessia et pour bien d’autres volontaires.

Dans l’épicentre de la guerre, les nécessités économiques sont parfois secondaires. Les volontaires occupent les appartements vides, l’entraide est suffisamment importante pour dispenser des charges financières quotidiennes. En revanche, la guerre ne les supprime pas pour les personnes éloignées du feu. Alessia reprend donc le travail, la tête partagée entre son envie de continuer l’accueil des réfugiés et de retrouver ses projets d’architecture pour lesquels elle a toujours travaillé avec enthousiasme. Elle est partagée entre l’aspiration de reconstituer le monde brisé en morceaux et celle de poursuivre ses activités d’autrefois. Elle retourne au travail, s’adonne à quelques projets de construction, nécessairement moins nombreux qu’avant la guerre.

Par ailleurs, elle n’est pas épargnée par la laborieuse bureaucratie de l’existence quotidienne. La propriétaire de son appartement a augmenté son loyer « car elle a constaté que je ne suis plus seule à l’habiter, mais que nous sommes trois avec mon frère et mon ami ». Le montant du loyer est trop onéreux.

En juillet, le trio se résigne à déménager. Satisfaits, ils décident de fêter ce nouveau commencement dans un restaurant de Dnipro qu’ils affectionnent. Une soirée ordinaire comme ils en passaient régulièrement autrefois. Une légèreté les enveloppe. Ce plaisir simple a une saveur particulière. Pendant un instant, les tumultes de l’Histoire se dissipent. Ils s’entretiennent sur des sujets banals, plaisantent, se remémorent leurs souvenirs communs. C’est un moment hors du temps où ils ne sont plus concernés par la guerre.

Soudainement, peu avant le dessert, une alarme se met à hurler.

 

 

Ce son strident et insupportable entraîne à nouveau Alessia et les siens dans leur sinistre présent. Ils quittent précipitamment le restaurant. Quelques minutes plus tard, ils voient un premier missile s’abattre à un kilomètre et demi d’eux :

« Toute cette fumée, ces cris lourds et douloureux, et ce curieux sentiment de se réjouir de survivre à ce missile… Puis, j’ai été rattrapée par ce sentiment glaçant que toute chose est provisoire. Un jour, peut-être, je serai sous l’une de ces bombes. »

Le soir et le week-end, elle se rend au centre d’accueil des réfugiés pour apporter son aide. Mais, là aussi, les réfugiés sont moins nombreux. Certaines familles rentrent chez elles, même dans les zones occupées, tandis que d’autres s’installent plus durablement dans un logement qu’elles espèrent encore provisoire. Alessia commence à s’habituer à ce nouveau quotidien laborieux. Puis, alors qu’elle me parle, elle se met à sourire avec une soudaine gaieté qui lui va bien : elle a décidé de faire des photos et de les vendre pour financer les aides humanitaires ou militaires.

Alessia Sand, tous droits réservés
Alessia Sand, tous droits réservés
Alessia Sand, tous droits réservés

Lucioles

Il lui arrive d’être prise de mélancolie. Elle scrute la ville, fixe les bâtiments détruits, en quête d’un signe que la situation s’améliorera dans un monde qu’elle trouve de plus en plus à la dérive. La situation politique et militaire n’offre guère de perspectives heureuses à moyen terme. C’est un espoir désespéré, un ultime geste de résistance dans un monde en morceaux ; elle espère seulement retrouver la quiétude, une vie paisible et légère.

Alessia me fait penser à l’une de ces fragiles lucioles chères à Piero Paolo Pasolini. Ces petits insectes à la lumière faible et aléatoire crépitent au milieu de la nuit. Seule l’obscurité permet à l’œil de percevoir leur « danse ». Dans les temps sombres de la guerre, quelques âmes, souvent errantes comme celle d’Alessia, résistent malgré leur fragilité et leur sentiment d’être impuissantes devant l’ampleur du désastre.

Elles ne luttent pas nécessairement pour une grande idée patriotique ou un dessein révolutionnaire. Elles ne sont guidées par aucune totalité de sens. Elles n’ont pas la sensation de se découvrir des puissances par leurs actions. Elles se lèvent et agissent parce que les frontières de l’intolérable ont cédé. En temps de paix, prises par les affaires privées quotidiennes, ces âmes suivent le cours du monde et n’expriment aucun refus éclatant devant leur présent. C’est quand le monde se renverse qu’elles se soulèvent. C’est au prix de mille luttes intimes que ces gestes de refus pourraient, un jour, devenir « gestes émancipateurs ».The Conversation

Romain Huët, Maitre de conférences en sciences de la communication, Chercheur au PREFICS (Plurilinguismes, Représentations, Expressions Francophones, Information, Communication, Sociolinguistique), Université Rennes 2

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Romain Huët, Maitre de conférences en sciences de la communication, Chercheur au PREFICS (24-08-22)

 

 

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